jueves, 18 de noviembre de 2010

Apprendre a étudier

petit d'homme doit presque tout apprendre et l'homme apprend à tout âge. Tout apprentissage est un
échange entre nous et le reste du monde, un partage. Nous apprenons d'autant plus que nous donnons
et que nous nous y donnons. Les sources d'apprentissage sont infinies, les façons d'apprendre multiples
parmi lesquelles il y a "étudier", ce travail de l'esprit qui s'applique à apprendre quelque chose pour le
retenir, l'approfondir, l'exposer.
L'évolution permanente
Tout être humain a des moments "d'études", même s'il n'est jamais allé à l'école, car il lui faut recevoir
l'acquis antérieur, résoudre par son travail des problèmes nouveaux, élaborer des explications aux
"mystères". Il n'y a donc pas de fatalité intellectuelle, nul n'est cancre ou ignorant, chacun étudie à sa
manière, nous changeons sans cesse, nous nous adaptons, et chaque adaptation suppose un
apprentissage, un progrès, un entraînement progressif. Dans la vie intellectuelle comme dans le sport, le
succès est le fruit d'un entraînement qui tient compte de ce qu'on est, de ses capacités et de l'objectif à
atteindre, des performances attendues.
Dans cette évolution permanente, on est amené à utiliser au mieux ses aptitudes pour obtenir le meilleur
résultat possible dans le temps le plus court et avec le minimum d'efforts. Comme tout, savoir étudier
s'apprend.
Savoir étudier
Cela suppose de connaître son fonctionnement intellectuel, les facteurs qui aident ou gênent et
d'organiser son travail en fonction de ses objectifs, de ses capacités et de ses conditions de vie. Cela
suppose aussi la maîtrise de certaines techniques adaptées aux études qu'on mène : lire rapidement,
survoler un livre, écouter un cours, dépouiller une documentation, rédiger, subir un contrôle oral ou écrit,
etc. En se connaissant soi-même, en analysant son fonctionnement personnel, on met au point SA
méthode de travail. Tout apprentissage demande de savoir changer car en avançant tout change : nous,
les connaissances, les méthodes, les exigences, les types de raisonnements etc.
Le travail intellectuel
Un acte d'intelligence fonctionne comme une démarche par étapes. Observer et collecter des faits,
comprendre ces faits, c'est-à-dire les décomposer, les situer, les sélectionner, les mettre en relation,
inventer de nouvelles combinaisons possibles ou des hypothèses, élaborer les outils, les moyens pour
parvenir à ce qui a été supposé ou demandé et contrôler les résultats. Cette démarche mobilise notre
raison et notre imagination dont les fonctionnements ne sont ni semblables ni parallèles. C'est pourquoi
chaque étape demande la mise au point de méthodes de travail.
La méthode, c'est ce qui permet de coordonner la pensée et l'action pour atteindre un but. Chercher un
objet dans une pièce peut se faire en allant en tous sens et en zigzagant, ce qui est long et fatigant, ou
en explorant méthodiquement la pièce. La méthode réduit le décalage entre la pensée et l'action pour ne
pas suivre au hasard ses impulsions mais faire ce qui paraît le plus adapté parmi les diverses possibilités
imaginées.
Chaque étape du travail individuel requiert une méthode. Comment recueillir le maximum d'informations
dans le minimum de temps et en réduisant la marge d'erreurs ? Comment libérer l'imagination pour
qu'elle associe les données et rende possible l'émergence d'idées nouvelles ? Comment expérimenter,
vérifier, généraliser ? Chaque étape demande à la fois réflexion et action à coordonner efficacement pour
atteindre le but.
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Apprendre et étudier
Boîte à Outils
Analyse, synthèse, induction, déduction
Le philosophe Bergson écrit : " L'intelligence est caractérisée par la puissance de décomposer suivant
n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système."
Pour comprendre, "prendre ensemble" des éléments divers qui composent un tout, nous avons besoin de
décomposer ces éléments jusqu'au plus simple, c'est l'analyse. Puis de recomposer un tout cohérent,
c'est la synthèse. Pour chercher et découvrir, nous pouvons partir de faits pour reconstruire ou trouver
des principes plus généraux qui fédèrent ces faits, c'est l'induction, ou partir de règles générales pour
dégager et vérifier des cas particuliers d'applications nouvelles, c'est la déduction.
La vie intellectuelle n'est pas isolée
Bien sûr nous ne sommes pas de purs esprits (Dieu merci !) et de multiples éléments influencent notre
vie intellectuelle.
Le milieu dans lequel nous vivons peut nous soutenir ou nous inhiber, la vie sociale nous donne des
désirs, des buts, des activités, des informations, des moyens. Dans la mesure où les idées naissent du
rapprochement d'éléments variés, plus notre "culture" est ouverte et étendue, plus elle nous permet de
mobiliser et de rapprocher des données différentes.
Notre affectivité et nos relations avec les autres jouent aussi leur rôle. Les contacts avec "plus fort" que
soi sont à prendre comme des stimulants à progresser. En se donnant des objectifs réalistes, on renforce
la confiance en soi, en approfondissant les recherches, elles gagnent en intérêt, en s'efforçant d'avoir une
vision claire de la tâche à accomplir, on se donne une meilleure démarche pour y parvenir.
Se connaître
Connais-toi toi-même, cette devise adoptée par Socrate était inscrite sur le temple d'Apollon à Delphes,
où d'innombrables pèlerins venaient consulter l'oracle sur leur avenir ! Une grande part de notre avenir
réside sûrement dans cette maxime ! Elle est aussi utile dans la vie intellectuelle dont le rendement
dépend autant de notre façon d'utiliser nos aptitudes que de leur niveau. Faire un bilan personnel à des
moments forts de notre vie est donc un bon moyen de la gérer au mieux, d'autant plus que la
comparaison avec les autres est rarement pertinente, nous sommes tous différents, notre personnalité
évolue, les exigences changent, la distance entre ce qu'on voudrait être et ce qu'on accepte d'être se
modifie, les expériences vécues s'additionnent, se conjuguent, se complètent …
Des tests et des moyens pour faire le bilan de notre fonctionnement intellectuel existent, ils sont utiles
sans remplacer complètement l'introspection. On peut s'examiner dans différents domaines : nature de
notre intelligence plutôt abstraite ou plutôt concrète, vitesse de nos capacités d'assimilation, aptitudes à
l'analyse et à la synthèse, sens critique, goût pour l'essentiel ou pour le détail, ampleur de l'imagination

La démarche de connaissance de soi est à envisager dans un double état d'esprit : positif, sans
culpabilisation ni démoralisation, et actif : progresser dans les aptitudes moins solides et organiser ses
séquences d'étude selon nos aptitudes. Il faut aussi tenir compte des situations particulières de la vie qui
affectent la vie intellectuelle : état de santé, vie affective, conditions de vie, etc.
Mémoriser
La mémoire qui stocke et ordonne les connaissances de toutes sortes est un facteur important pour
apprendre. Volatile, car nous perdons la moitié de ce que nous avons appris dans l'heure qui suit
l'apprentissage, elle s'améliore à l'entraînement et se conforte par quelques procédés de mémorisation.
Toutefois, on ne mémorise bien que ce qu'on a compris, la mémorisation mécanique sans compréhension
de ce qu'on veut retenir ne sert guère et souvent "encombre" la mémoire.
Pour mémoriser durablement il faut éviter les moments de perturbation émotive ou physique et se
concentrer sur le but de ce qu'on apprend. En général nous n'apprenons pas assez activement, pour
mémoriser il est utile de répéter à haute voix, de reformuler en parlant, d'écrire des formules clés, de "se
réciter" à plusieurs, de se questionner à deux ou trois pour contrôler qu'on reformule aisément. Il est
efficace de revenir le lendemain, puis à intervalles plus espacés, sur ce qu'on a mémorisé, pour en
conserver la trace.
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Lire pour apprendre
Heureusement, on ne lit pas seulement pour apprendre, encore qu'il y ait peu de lectures dont on
n'apprenne rien, mais aujourd'hui il y a peu d'études sans lecture. Le professeur Robinson proposait une
méthode de lecture pour les étudiants, fondée sur la série de lettres P, Q, R, S, T :
P = preview : survol avant la lecture pour avoir une vue générale de l'ensemble.
Q = question : se questionner sur ce qu'on attend de cette lecture.
R = read : lecture active du document.
S = state : reformulation avec ses propres mots des idées clés retenues.
T = test : contrôle des acquis.
Preview ou prélecture. En survolant le document ou le livre, nous nous préparons mentalement à cette
lecture et nous pouvons en dégager le squelette. On peut le faire par la lecture de la table des matières,
des éléments graphiques qui sautent aux yeux, des premières et dernières phrases des chapitres ou des
paragraphes. Tout texte a une "allure" qui en prépare la lecture : chapitres et paragraphes courts ou
longs, citations incluses, notes de bas de pages, autant d'indications sur le rythme possible de lecture.
Question, se demander avant la lecture ce qu'on attend d'elle. Par exemple, dans un livre sur l'énergie :
les proportions des diverses sources ? l'évolution des prix du pétrole ? les sources "renouvelables" ? la
situation des différents pays ? Ce questionnement préalable rend la lecture plus attentive, par la
recherche de réponses et si on a noté les questions, cela permet de mémoriser mieux et de "réviser" plus
tard.
Read ou lecture active. P et Q nous ont mis en état de lire activement, en sachant mieux ce que nous
attendons de cette lecture, en amenant des réactions en cours de lecture, par rapport à la préparation.
Nous pouvons concrétiser cette lecture active en écrivant des annotations, des observations, des
marques en marge, en soulignant des mots, en marquant les articulations du texte … Évidemment, si on
travaille sur un document rare ou qui ne nous appartient pas, ces marques de la lecture active sont
écrites sur une feuille personnelle avec référence des pages !
State, fixer, assurer, formuler ce qu'on a acquis. La lecture suit le raisonnement de l'auteur et ses
arguments, or on retient toujours mieux ce qu'on exprime soi-même. Cette "post-lecture" consiste à
redire avec ses mots ce qu'on a appris, en se questionnant : pourquoi fondamentalement l'auteur a-t-il
écrit ce texte ? quelles idées clés ? quel raisonnement ? suis-je d'accord ? quelles objections ? On peut
noter ensuite brièvement sur trois colonnes, les idées essentielles du livre, les faits et exemples
démonstratifs, les commentaires personnels. En lisant ces notes on se remémorise rapidement le livre.
Test : c'est la vérification synthétique, en survolant simultanément le texte et les notes pour s'assurer
qu'on n'a rien oublié d'essentiel et qu'on a bien compris.
Cette méthode de lecture active s'accorde avec le fonctionnement intellectuel : excitation de l'intérêt,
analyse et synthèse, compréhension et mémorisation, reformulation. Pour une heure de lecture (qui est
la bonne tranche de temps entre deux poses), on peut estimer qu'il faut consacrer 10 mn en tout pour P,
Q, T, 25 mn pour la lecture et 25 mn pour l'étape state qui est celle qui rend ce travail utile.
Dans les domaines scientifiques, les deux dernières étapes (state & test) consisteront plutôt à dégager
les données de bases (théorèmes, lois, etc), à vérifier par des exercices simples la bonne compréhension
de ces données, à revoir les démonstrations ou les expériences et enfin à effectuer des exercices plus
synthétiques et de difficulté croissante.
Lire vite
On peut varier sa vitesse de lecture, et les performances individuelles en ce domaine sont très
différentes, un lecteur moyen lit 200 mots à la minute, entraîné, il en lit 500, très rapide, il peut lire 1000
mots. Sans viser la performance, on peut cependant espérer lire deux fois plus vite (ou lire deux fois plus
de livres !) et à l'ère d'Internet qui propose des milliers de pages à partir d'un seul mot, c'est utile ! Il y a
des méthodes très élaborées pour développer la lecture rapide, mais on peut commencer par quelques
règles simples :
• Survoler d'abord, en lisant les premiers mots des paragraphes, on dégage ainsi souvent la
structure et les grandes étapes du texte ;
• lire bien "des yeux", sans "prononcer" les mots, fut-ce par un mouvement des lèvres ;
• contrôler un mouvement régulier des yeux, sans retour en arrière ;
• lire des groupes de mots et non "mot à mot" ;
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• varier volontairement la vitesse de lecture, selon l'intérêt du passage ;
• bien lire les images, schémas, diagrammes, graphiques qui dégagent des idées clés.
Écouter
Nous passons 40 % de nos périodes d'apprentissage à écouter, mais nous ne conservons globalement
que le quart de ce que nous avons entendu ! Voilà bien du temps perdu !
Souvent nous entendons sans écouter pour de multiples raisons : le sujet ne nous captive pas, l'orateur
ronronne, c'est l'heure de la sieste … Il n'y a guère d'autres solutions que de se re-motiver : ce sujet est
utile (pour soi, pour un examen) et cet orateur est là pour en faciliter la compréhension, même s'il n'est
pas éloquent, il connaît la question !
Pour écouter, il faut soigner sa forme physique (détente préalable, confort, audition correcte) et ses
dispositions intellectuelles : se préparer au sujet annoncé (pour des cours, avoir revu le cours
précédent), prendre des notes pour rester actif et en s'efforçant de bien discerner le plan de l'exposé. La
démarche P, Q, R, S, T de la lecture peut être adaptée à l'écoute active d'un cours ou d'une conférence.
Prendre des notes
Il y a de multiples situations qui entraînent la prise de notes : en lisant un livre, en écoutant un cours ou
une conférence, en visitant un lieu, pour garder trace d'un moment de réflexion … Quelques règles sont
communes à toutes ces situations, que l'on écrive au crayon sur une feuille de papier ou que l'on saisisse
directement sur un ordinateur.
Pourquoi ?
En prenant des notes on accroît la mémorisation : attitude active, mémoire visuelle (en écrivant),
reformulation avec ses propres mots de ce qu'on a vu, entendu ou lu.
• Prendre des notes permet de :
• conserver l'essentiel de ce qu'on a entendu ou vu pour le mémoriser et le retrouver ;
• constituer une documentation sur un sujet, de façon organisée et réutilisable ;
• développer l'esprit d'analyse et de synthèse : distinguer l'essentiel et l'accessoire, dégager les
grandes lignes et les étapes, contracter les idées ;
• gagner du temps dans des travaux ultérieurs de révision ou de recherche.
Mais il n'y a pas de méthode valable pour tous, chacun met au point sa méthode personnelle et il est
difficile d'exploiter les notes d'un autre !
Comment ?
Il y a cependant quelques principes commodes qui permettent plus d'efficacité :
• utiliser des feuilles de même format au recto seulement ;
• référencer précisément : quoi ? qui ? où ? quand ?
• numéroter les feuilles toujours au même endroit ;
• se constituer un code d'abréviations simple, personnel, permanent, à base de signes
mathématiques (+, -, =, >, <, // …), d'abréviations usuelles (bcp, ds, pdt, qq, tps …) et
d'abréviations personnelles qui peuvent s'adapter aux mots courants du sujet traité ;
• soigner la mise en page :
✓ marge pour compléter ensuite,
✓ retours à la ligne fréquents,
✓ décalage et numérotation pour marquer le plan d'ensemble et la hiérarchie des informations ;
✓ revenir sur ses notes rapidement pour en améliorer la présentation visuelle.
La prise de notes diffère beaucoup selon la situation (cours, chez soi, devant la télévision, sur un livre …)
et selon l'utilisation prévue qui oriente le choix des informations.
Quoi ?
À partir d'un exposé oral, la sélection des éléments importants est difficile en même temps qu'on écoute,
mais quelques observations nous aident :
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• le titre, le sujet annoncé ;
• ce que le locuteur écrit sur tableau ou projette sur écran : plan, tableaux, schémas …
• les intonations qui appuient ou passent vite, les répétitions de termes ou d'idées ;
• les transitions, les connecteurs logiques qui révèlent l'organisation …
À partir d'un écrit, on a plus de temps, on peut organiser ses recherches et revenir sur ses notes. La
méthode PQRST proposée plus haut est efficace pour la prise de notes. Il faut y ajouter son objectif
personnel qui justifie cette lecture : fiche sur un livre entier, étude d'un thème dans ce livre, recherche
d'informations sur un point particulier, recherche du plan de l'ouvrage, etc. On pratique alors une lecture
sélective en fonction de son objectif.
Pour conclure !
Les temps d'étude sont en général clairement circonscrits dans notre emploi du temps, en revanche nous
apprenons sans cesse, du moment de notre conception à notre mort et les philosophes pensent même
qu'on apprend non seulement à vivre mais aussi peu à peu à mourir !

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